LA CONFÉRENCE D'ANNIE TARDITS
(compte rendu de Gérard Colonna d'Istria)
Au début de l’épisode de Protée, dans Ulysse, Stephen Dedalus, sur la plage de Sandymount, décide d’explorer la manière d’être des choses et du monde, dont l’identité lui paraît mouvante et incertaine. Cette quête, qui est au cœur de toute véritable création artistique, conduit Stephen à opérer une véritable expérimentation métaphysique, celle d’un monde où , comme l’a confié Joyce, « tout change : mer, ciel, hommes, animaux ;  les mots changent aussi ». Une nouvelle odyssée commence, une traversée des apparences où l’écriture doit interpréter et exprimer, à nouveaux  frais, « la signature des choses ». Cette mise à l’épreuve est radicale : elle remonte aux catégories premières de la perception et, à la suite d’Aristote, aux formes élémentaires du visible et de l’audible. Et cet effort conduit Stephen, entre autres choses, à accorder, à côté de « l’inéluctable modalité du visible », une place tout à fait essentielle à ce qu’il propose de nommer « l’inéluctable modalité de l’audible ».
 
Annie Tardits a examiné cet univers sonore de Joyce, un univers qu’il explore avec un tel soin qu’on a pu y voir une préfiguration de ces “traités des objets musicaux” chers aux musicologues contemporains. Mais surtout elle a établi une  distinction qui constitue une hypothèse de travail tout à fait stimulante pour les lecteurs de Joyce : la distinction entre un « savoir de la voix »  et un « savoir-faire avec la voix ».
Savoir de la voix.– Manifeste ou latent, mais affleurant toujours dans les textes, ce savoir montre combien Joyce est attentif à toutes les facettes de la voix — la voix de l’autre, ce savoir inconscient, qui dès la naissance, avant toute signification, plonge l’enfant dans cet univers d’émotions et d’affects qui règle et forme le sujet en sujet parlant. La voix qui donne à chacun une capacité expressive qui lui assigne, par-delà la fonction référentielle de la langue, une qualité propre et une singularité radicale. La voix entretient un rapport privilégié au jeu de la demande et du désir sexuel, dans toutes ses tonalités, conscientes et inconscientes, qui nous lie à l’autre et passe autant par ce qu’Annie Tardits nomme si justement « les défilés du langage » que par la vue.
Savoir-faire avec la voix.– Mais le savoir de Joyce n’est pas seulement un « savoir de la voix », c’est, plus encore, un « savoir faire avec la voix »,  qui révolutionne toute une tradition littéraire et poétique.  Joyce opère dans l’écriture une séparation de la lettre et de la voix, où il ne s’agit plus seulement de décrire le flux et la mélodie intérieure de la pensée mais, comme le dit Annie Tardits, de « décrire le flux vocal lui-même, dans son jeu d’échos et de traits différentiels, de  faire entendre ce que nous ignorons à la fois curieusement et nécessairement quand nous parlons, c'est-à-dire quand nous employons les mots avec désinvolture. Ce que nous oublions, c’est précisément la valeur des mots. »
Ce savoir-faire avec la voix révolutionne toute une tradition littéraire et poétique. Il fait entendre ce que nous oublions tous si facilement quand nous parlons, la valeur des mots, que par-delà leur signification, Joyce nous invite à faire surgir comme autant “d’épiphanies”.
Des lavandières particulières au lavoir de Saint-Gérand,
où Joyce aimait à se rendre.
LE JOUR D'ULYSSE 2005
Le Jour d'Ulysse 2005 a commencé par une… Nuit d'Ulysse
illuminée par une création théâtrale originale
sur des textes de Finnegans Wake et des musiques contemporaines.
Il s'est bien sûr poursuivi, le surlendemain, par une journée consacrée
à Joyce et à l'Irlande au fil des traditionnelles conférences et animations.
Samedi 18 juin 2006 au soir
 
– Des mots d’Irlande, dîner-spectacle irlandais par le groupe Inisfree et le chanteur Jan Widger : musique celtique traditionnelle offrant les plus célèbres chansons et ballades du patrimoine irlandais, de Steeve Earle à Ewan Mc Coll’s en passant par Jimmy Mc Carthy.
Samedi 18 juin 2006 après-midi
 
– Conférences animées par Jacques Aubert : Expérience et écriture de la voix, par Annie Tardits, analyste (compte rendu ci-dessous), et Pascal Bataillard, co-auteur de la nouvelle traduction d'Ulysse parue en 2004.
– Visite du Musée James-Joyce : sa vie à Saint-Gérand-le-Puy, son œuvre, les lettres échangées avec Valery Larbaud, parcours-découverte pour les enfants.
– Vente de livres et de produits du terroir à l'espace James-Joyce.
– Danses traditionnelles Irlandaises par Loisirs et culture,  de Varennes-sur-Allier.
– Inauguration de la Bibliothèque Anna-Livia-Plurabelle
– Vin d’honneur offert par la municipalité.
Samedi 18 juin 2005 au matin
 
– Petit-déjeuner irlandais à la pâtisserie Aux Délices.
– Sur les pas de Joyce : découverte de ses lieux de promenades, ponctuée de danses irlandaises par Loisirs et Culture,  de Varennes-sur-Allier, et de lectures.
Jeudi 16 juin 2005 au soir :
La Nuit d'Ulysse
 
– La Nuit d’Ulysse, création théâtrale de la troupe Zèbre Théâtre sur des textes de Finnegans Wake et des musiques de Karol Szymanowski (Lieder opus 54), John Cage, Samuel Barber et Bernard Rands interprétées par Marie-Hélène Dubois, soprane, et Marie-Pierre Casanova, piano.
– Repas irlandais à l’Hôtel de la Paix, qui hébergea Joyce.
Jeudi 16 juin 2005 après-midi
 
– Visite du musée James-Joyce : sa vie à Saint-Gérand-le-Puy, son œuvre, les lettres échangées avec Valery Larbaud, parcours-découverte pour les enfants créé par les élèves de l’école de Saint-Gérand-le-Puy.
– Inauguration de la bibliothèque Anna-Livia-Plurabelle en présence de Stephen et Solange Joyce.
– Parcours découverte Sur les pas de Joyce pour les enfants des écoles de Saint-Gérand-le-Puy.
– Vente de livres et de produits du terroir à l'espace James-Joyce.
Marie-Pierre Casanova, piano,
et Marie-Hélène Dubois, soprane.
PROGRAMME
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Mise à jour le
12 DÉCEMBRE 2021
© Bernard Deubelbeiss