Impossible, évidemment, de résumer une conférence de plus d’une heure et demie où, au lieu de parler ex cathedra, Vincent Laisney a livré, en improvisant et en dialoguant avec les autres intervenants et le public, la substantifique moelle d’un ouvrage dans lequel il tente d’approcher, à travers leurs biographies et leurs œuvres, ce qui fait le génie de sept grands écrivains…
À Saint-Gérand-le-Puy, il s’est efforcé de cerner plus précisément les liens qui peuvent exister entre James Joyce et les six autres. À commencer, évidemment, par la “matrice” homérique d’Ulysse, la célèbre Odyssée, transposée et condensée par Joyce dans la banalité d’une journée (le 16 juin, le fameux Bloomsday) dans le Dublin de 1904 : « Dans l’Odyssée, on pérégrine ; avec Ulysse, on est dans un poème du mouvement, celui du petit voyage de la vie », résume Vincent Laisney.
Dans son roman, Joyce fait beaucoup d’allusions à Dante, dont il parlait la langue, qu’il admirait beaucoup et avec lequel il partageait la douleur de l’exil (thème central de l’œuvre Joycienne), la conscience de leur génie propre (celui de la langue, avec toutes les inventions verbales et l’ivresse lexicographique qui culmina, chez l’Irlandais de Saint-Gérand, dans son ultime opus, Finnegans Wake).
Avec Cervantès, Joyce se trouve en compagnie d’un alter ego spécialiste de l’infortune, expert en malchance (comme en témoignent les biographies des deux auteurs), mais aussi organisateur de son propre délire (jusqu’à la scatologie, chez l’un et l’autre) et qui dialogue avec son lecteur (la fameuse réflexivité du roman moderne).