Le samedi 18 juin 2011, deux conférences ont permis
de détailler différents aspects de l'œuvre de James Joyce :
– le réalisme : la revendication d’un certain réalisme chez Joyce n’interdisait pas à l’auteur, bien au contraire, de procéder à une remise en cause des thèses réalistes et naturalistes classiques. En s’appuyant sur le rôle des schémas et la fonction du célèbre « monologue intérieur » dans Ulysse, Gérard Colonna d’Istria s’est appliqué à montrer comment Joyce subvertissait la notion de réalisme en l’intégrant dans une écriture radicalement nouvelle, transgressant les codes traditionnels du roman-le point de vue de l’auteur omniscient ou encore la construction de l’intrigue. Ce qui n’interdit pas à Joyce, devait conclure le conférencier, de reconnaître la valeur pratique du réalisme. Un principe de précaution utile et peut-être nécessaire…
– la cartographie joycienne : à partir d’une reconstitution des parcours effectués dans Dublin par les principaux personnages d'Ulysse, Adrien Malcor s’est efforcé de montrer combien les intuitions de Joyce pouvaient trouver un prolongement dans des domaines contemporains aussi variés que la « poétique du numérique », « l’urbanité rurale », ou encore la « psychogéographie »…
Les débats qui suivirent ont permis, aux spécialistes de Joyce que sont Jacques Aubert, Annie Tardits, Pascal Bataillard et Moustapha Safouan, de fournir au public des analyses et des éclairages particulièrement précieux et judicieux.
Avec les animations musicales et la balade sur les pas de Joyce dans Saint-Gérand, qui ont précédé et/ou suivi ces trois moments, cette journée a confirmé la capacité de l’association Les Amis de Joyce à Saint-Gérand-le-Puy, à proposer non seulement des divertissements mais aussi des travaux de haut niveau. Une politique culturelle exigeante, assurément, mais qui, chaque année, fait la démonstration qu’elle ne sombre pas, comme tant d’autres, dans un folklore facile, et qu’elle est à la hauteur de ses ambitions.