Je veux tout d'abord dédier cette communication à Jacques Aubert, dont l’énorme travail sur l’esthétique de James Joyce continue de faire autorité. J’aurai aujourd’hui tout particulièrement le plaisir de le souligner. Mon intervention souhaite également rendre un hommage, même tardif, à l’écrivain, critique littéraire, sémioticien, philosophe, prodigieux de clarté et d’esprit que fut Umberto Eco (1932-2016) et qu’il demeure pour nous dans ses ouvrages. Comme Eco l’a fréquemment répété sous bien des formes, la seule réalité qui demeure est linguistique. Il suffit, pour s’en convaincre, de penser à des topos (au sens grec du terme) tels que ceux dont use l’élégie, la déploration et le deuil des choses passées et perdues à jamais. Eco affirme d’emblée dans son Apostille au Nom de la rose que son titre vient de Bernard de Morlaix, de son De contemptu mundi, où il procède à d’innombrables variations sur le thème de l’ubi sunt (auquel s’apparente le « Mais où sont les neiges d’antan » de François Villon). Mais il ajoute aussitôt qu’Abélard recourait à « l’exemple de l’énoncé nulla rosa est pour montrer à quel point le langage pouvait tout autant parler des choses abolies que des choses inexistantes ». Et l’on pourrait reconnaître ici une allusion à Mallarmé, d’un côté cette fleur que la poésie fait advenir « l’absente de tout bouquet » et, de l’autre, son célèbre « Aboli bibelot d'inanité sonore » (Sonnet en X). D’ailleurs, Eco ne clôt pas ici la liste qu’il aimerait tenir indéfiniment ouverte à toute interprétation du lecteur. Il est semblable ici à Joyce, qui savait que, parmi ses lecteurs, il se trouverait quelques universitaires pour qui il y aurait du travail pendant 300 ans et à qui il faisait confiance pour ensevelir son œuvre sous les commentaires et illustrer son nom. Semblable à Joyce aussi pour toutes ces références au Moyen-Âge, du moins à ce Moyen-Âge qu’ils choisissent de réinventer.
Ce langage à qui échappe le réel mais qui crée sans cesse la réalité, la fait revivre, l’embaume, la littérature le porte à la puissance X, cet art que, sa vie durant, Eco chercha à comprendre, à cultiver, à pratiquer, à faire connaître et comprendre. Vocation de Joyce qui, suivant la thèse de Lacan, put, par son travail sur la lettre, « tenir » et se forger un nom.
À ce niveau seuil de toute comparaison entre les deux écrivains, on pourra objecter que Joyce n’a pas eu l’activité de critique qui fut celle d’Umberto Eco, mais ce serait oublier qu’entre 1899 et 1912, c'est-à-dire jusqu’à l’âge de 30 ans, Joyce a fourni un certain nombre d’interventions critiques qui furent tantôt littéraires, tantôt plus politiques et historiques. Mais c’est un travail que l’on peut qualifier de jeunesse, le projet de rédaction d’une esthétique qui rapproche le plus Joyce et Eco, puisque l’écrivain irlandais lui consacra un certain nombre d’études, en jeune homme d’abord mais plus ou moins tout au long de sa vie.
Un certain nombre de critiques ont, à l’inverse, montré à quel point Eco le critique restait toujours Eco le romancier, recourant parfois à des coups de théâtre dignes d’Alexandre Dumas, dramatisant des oppositions d’arguments, etc.
Le moyen-âge de Joyce et Eco
Il est de notoriété publique que Joyce chérit particulièrement toutes les figures d’hérétiques, au point parfois d’en faire une figure héroïque, même s’il se moque des héros.
Dans une lettre adressée en mars 1907 à Stanislaus, son frère, Joyce dit avoir assisté à une procession en l’honneur de Giordano Bruno (1548-1600), qui fut brûlé en 1600, mais ce fut à sa lecture qu’il s’intéressa à celui qu'on surnomma le Nolain (sa ville de naissance étant Nola, en Campanie), intérêt dont il reste en particulier cet échange fameux entre Stephen et le père Ghezzi, qui dirige les études d’italien : « Il lança que Bruno était un horrible hérétique. Je répliquai qu’il avait été horriblement brûlé. »
Une figure intéresse tout particulièrement Joyce/ Stephen et Eco, c’est celle de St François. Stephen le trouve « charmant » mais ne peut longtemps « rester prisonnier de ses chaînes d’amour ». Pourtant, c’est déjà cette position limite de la subversion qui intéresse Joyce. La subversion et ses insatisfactions : tolérée, elle est absorbée ; trop gênante, elle est éliminée. Eco reprend cette idée à propos des flagellants, fraticelles, minorites, qui sont en quelque sorte des variantes hérétiques du franciscanisme : « Pour réintégrer les exclus, [François] devait agir à l'intérieur de l'Église ; pour agir à l'intérieur de l'Église, il devait obtenir la reconnaissance de sa règle, dont il sortirait un ordre — et un ordre, comme il arriva, aurait recomposé l'image d'un cercle, au bord duquel se trouvent les exclus. Et, alors, tu comprends maintenant pourquoi il y a les bandes des fraticelles et des joachimites, qui rassemblent autour d'eux les exclus, une fois de plus. » (Le nom de la rose, p. 255.)
Ironie du dialogue de type socratique entre Adso et Ubertin, où Adso, en sachant déjà long, met Ubertin en difficulté, en particulier quand il s’agit de discuter des fraticelles et des mineurs – hérétiques condamnés au bûcher, qui ne se distinguent que très mal des franciscains.
Il est tout à fait remarquable que Michel Foucault ait donné une place si particulière au prêche franciscain dans l'ordre des discours, qui aurait, dans son âge, « fustigé les hypocrisies, chanté le droit de l'immédiat et du réel […], fait rêver d'une autre cité », pour être, aujourd'hui, supplanté par un discours sur le sexe, industriel et sans lyrisme (La volonté de savoir, p. 15.)
On pourrait croire que, par son éducation jésuite, Joyce avait été automatiquement formé en manière de thomisme. Or, comme l’indiquait Noon, dans son Joyce et saint Thomas, « plus on en sait sur l’éducation réelle reçue par Joyce sur la pensée thomiste, moins on est enclin à penser que celle-ci a pu lui apporter quoi que ce soit de sérieux ou de systématique en la matière ».
Comme le souligne Jacques Aubert dans son Esthétique de James Joyce, Joyce a eu accès à saint Thomas de manière indirecte, et, ajoutons-le, l'a lu d’une manière hégélienne, par l’intermédiaire de Bosanquet. Pour celui-ci, Aquin vécut, ni plus ni moins, dans un véritable âge d’or philosophique : « La conscience esthétique réelle du MA fut historiquement la plus continue et la plus créatrice que le monde ait jamais connue. Et, bien que pendant de longs siècles elle ne se soit pas exprimée dans les domaines de l’imagination où l’intellect est le plus actif, et qu’elle ait accepté la théologie, peut-être, comme l’expression de ses instincts essentiels, [il n’en reste pas moins qu’il faut lui donner la valeur d’esthétique]. »
Jacques Aubert souligne aussi le fait que les lectures de Thomas, ou plutôt son étude, ont pu être interrompues par la maladie de sa mère (qui l’obligea à quitter Paris précipitamment) mais que le théologien lui permettait de réaliser un trait d’union entre les théories sur la symétrie et l’expression de Plotin ou d’autres néo-platoniciens, et la Poétique d’Aristote. Jacques Aubert faisait alors l’hypothèse d’un intérêt pour Averroes qui semble s’être confirmé depuis (c'est-à-dire que, non seulement, il y aurait une materia prima, chair de toute chose, mais aussi d’une conscience unique, séparée des hommes — c’est la thèse défendue par Jean-Baptiste Brenet dans Averroes l’inquiétant (Belles Lettres, 2015). Comme on le sait, Averroes concentra les attaques de théologiens comme Thomas mais joua aussi le rôle d’un stimulant, provoquant un regain d’intérêt pour la philosophie grecque, en particulier Aristote, pour ne pas laisser au monde arabo-musulman le monopole de cette réflexion intellectuelle et l’encadrer plus fermement.
Jacques Aubert attire notre attention sur une remarque de Joyce, produite dans un compte rendu de lecture de l’ouvrage de J.J. McIntyre sur Giordano Bruno : « Cette idée d’un principe spirituel ultime, indifférent, universel, attribut de toute âme et de tout objet matériel, au même titre que la Materia Prima de saint Thomas est un attribut de tout objet matériel, aussi injustifiée qu’elle puisse paraître aux yeux de la philosophie critique, a cependant une valeur incontestable pour tout historien des religions s’intéressant au problème de l’extase. » En effet, Bruno voyait dans le Saint-Esprit l’âme du monde.
Jacques Aubert met ainsi en valeur à quel point la notion d‘épiphanie – mais il est flottant sur ce point, jugé central par Eco dans l’esthétique post-moderne ou moderne –, à quel point la notion d‘épiphanie aurait pu s’enrichir et ouvrir un espace d’application beaucoup plus vaste, dépassant la problématique du sujet et de son aphanisis (défaut d’apparition ou disparition du désir sexuel),pour devenir une véritable cosmologie, ou chaosmologie.
L’une des parties de L’œuvre ouverte qui m’avait le plus fasciné dans mes années d’étudiant fut celle consacrée par Eco aux pratiques d’écriture particulières des moines irlandais des VIe et VIIe siècles, notamment l'Hisperica Famina (cf. le latin hispérique = hiberno-latin). Son trait particulier, c’est que les moines irlandais introduisaient en latin des mots grecs et hébreux (langues alors peu parlées dans le reste de l’Occident), ainsi que du gaélique – peut-être du fait qu’ils utilisaient des dictionnaires et glossaires pour apprendre le latin. C’est Eco qui, le premier, pointa les ressemblances structurelles entre la langue de Finnegans Wake et le latin hispérique. Comme chez Joyce, les calembours abondent (le moindre n’étant pas ce hisperica, hybride ou mot-valise constitué de hibernien (irlandais) et de Hespérides (îles de la légende grecque). Edgar de Bruyne (grand philosophe médiéviste qu’Eco tira de l’oubli) indique que les faminators , en composant leurs textes, « traduisent des mots grecs transcrits plus ou moins correctement [alors que] d’autres encore ajoutent du vocabulaire poétique, archaïque, hellénique des mots mal orthographiés, des expressions de dialectes, des vocables ‘vulgaires’, etc. » (Edgar de Bruyne, Études d’esthétique médiévale, tome I, Paris, Albin Michel, 1998 [réédition], 121). Ces moines de la marge (au sens propre, puisque l’Empire romain s’est effondré et que les monastères irlandais constituent un lieu unique de préservation et de transformation – remarque forte d’Eco), ces moines, disais-je, n’éprouvent aucun scrupule à émailler leurs textes de mots étrangers, introduits tels quels ou parfois latinisés de manière fantaisiste, à créer des mots-valises, à mêler allègrement les registres (par exemple, en mélangeant le latin ecclésiastique et le latin populaire et à obscurcir impunément leurs textes). Pour chacune de ces caractéristiques, on pourrait donner des exemples joyciens de ces pratiques.
« De la même manière que Joyce, dans une lettre à Harriet Weaver, avait affirmé à propos de l’anglais : “Je ne peux pas écrire dans cette langue sans être enveloppé dans ses traditions, de la même manière qu’il déclara à Beckett dans une discussion portant sur ce qu’il faisait au langage dans Finnegans Wake, “Je vais la leur rendre, leur langue anglaise”, les savants irlandais de l’Âge d’Or étaient déterminés à rester fidèles à eux-mêmes et, en un sens, en conformité avec leur propre modernité, décidèrent de rendre le latin aux Latins, mais dans un état qui n’allait sans doute pas leur plaire, dans une forme telle que, à certains moments, ils ne pourraient pas même la reconnaître. » (Diarmuid Curraoin, I know that I have broken every heart : The Significance of the Irish Language in Finnegans Wake and in other Works of James Joyce , (Dublin, Maunsel & Company, 2014, 85.)
Pour de Bruyne, l’esthétique hispérique est une “esthétique de l’hermétisme [qui] prend exactement le contre-pied de l’esthétique du classicisme : elle est une esthétique à-rebours” (119). Obscurité recherchée // Joyce, « I have discovered I can do anything with language I want» (Ellmann 702). À son ami August Suter, il avait confié : « Je suis au bout de l’Anglais. » (Ellmann 702). Et à Samuel Beckett : « I have put the language to sleep. » (Ellmann 702) Comme l’écrit Adaline Glasheen, « Finnegans Wake is wilfully obscure. It was conceived as obscurity, it was executed as obscurity, it is about obscurity. » (Adaline Glasheen, A Second Census of “Finnegans Wake”: An Index to the Characters and Their Roles, Evanston, Northwestern University Press, 1963, xvii.) Je n’insiste pas sur Le Livre de Kells, admirablement décrit par Eco (CIT). Richard Hamann, historien de l’art allemand, d’ailleurs cité souvent par de Bruyne, décrit ainsi The Book of Kells : « Le dessin est constitué d’un ensemble d’éléments simples : points, traits, figures géométriques simples, cercles, triangles, carrés, crochets, lignes courbes, motifs étoilés. C es derniers s’enchaînent les uns à la suite des autres. […] C’est l’addition, et non la combinaison, qui crée la richesse. » (Ma traduction de Richard Hamann, Geschichte der Kunst von der altchristlichen Zeit bis zur Gegenwart, Berlin, Verlag von Th. Knaur Nachf, 1932, 120.) Hamann souligne le caractère “mouvant, changeant et tumultueux de la page" (Ibid. , 123). »
Exemples empruntés à Joyce pour décrire son propre travail
Quand une traduction anglaise des essais consacrés à Joyce est publiée en 1989, elle s’intitule The Middle-Ages of James Joyce et elle est sous-titrée The Aesthetics of Chaosmos. Chaosmos, composé de cosmos + chaos, apparaît dans Finnegans Wake (118).
Dans sa note de l’auteur, Eco indique vouloir désigner son travail en termes joyciens et reprend le terme Meandertal, constitué de Neanderthal (appellation créée en 1864 à partir de l’allemand Neander Thal, la vallée de Neander ; le « h » a disparu suite à la réforme de l’orthographe allemande de 1901 et l'on écrit désormais Neander Tal, mais il est resté dans le nom scientifique) et de meander, sinuer, prendre un cours détourné, errer. Mais on pourra ajouter d’autres dérivations ou sinuosités, programmées ou pas, comme, me ander, moi autre ou mon autre (venant en contrepoint de ne-ander, pas d’autre (réminiscence du fameux Nego du tout premier portrait), ou comme, issu de Thal/ Tal, la vallée, les talures, les meurtrissures de l’existence (à rapprocher des lésions de l’expérience que forge Joyce en écho aux leçons de l’expérience).
Je ne peux m’empêcher d’évoquer la figure d de Hubert Aquin, écrivain québécois, qui vint étudier la philosophie médiévale à Paris, alors qu’Eco y séjournait pour établir la traduction de française de L’Oeuvre ouverte, qu’il enrichissait précisément de ses remarques sur l’esthétique hispérique. Hubert Aquin était déjà un admirateur de Joyce quand il vint à Paris et il rêvait d’être, pour le Québec, ce que Joyce avait été pour l’Irlande, quelque chose de cette « conscience incréée de sa race », assez problématique sans doute. Mais juste pour vous donner une idée de cet autre écrivain hispérique, je mentionnerai l’un de ses ouvrages, L’Antiphonaire.
De la même manière que Joyce aimait dire qu’il faisait du « saint Thomas appliqué », on pourrait dire que, dans Le nom de la rose, Eco fait du Joyce appliqué. Si tous les deux considèrent qu’un livre est d’abord un livre de livres, un livre fait d’autres livres et dont l’écriture est l’histoire, tous les deux reprennent cette grande idée médiévale que le monde est lui-même un grand livre.
Dans le chapitre Protée d'Ulysse, Stephen, se promenant sur la plage, cherche partout « la signature de toutes choses ».
Dans Le nom de la rose (351), on trouve une grille temporelle des chapitres qui répond au schéma de Joyce avec une chronologie quasiment heure par heure, épisode après épisode.
Dans Apostille au Nom de la rose, la muraille des cent premières pages fait écho au chapitre Télémaque d'Ulysse. La patience et la persistance nous font découvrir des clés ou des motifs qui font sens. (Patience !). Fabrication d’un lecteur idéal, déchiffreur de signes qu’il doit repérer.
Le chapitre Nausicaa crée un montage alterné entre une retraite religieuse et une scène de séduction à distance entre Gertie et Bloom, qui se prolonge par la masturbation de Bloom sur fond de feu d’artifice se terminant en bouquet final, au ciel comme sur terre.
Rencontre fortuite d’Adso avec la jeune femme dans les cuisines. Montée vers le bonheur au rythme des bribes de toutes origines religieuses (de saint Bernard à saint François, Hildegarde de Bingen et bien sûr les Cantiques en abondance…) qu’Adso souffle à son amante
Enfin, le coup de génie d’Eco, c’est d’imaginer que tous les meurtres commis dans ce faux vrai roman policier le sont à cause d’un livre que l’on croyait perdu : la partie de la Poétique qu’Aristote aurait consacré au comique (ce qui ne semble pas faire rire l’Aabbé Abbon ! rire !
Je pourrais, enfin, évoquer la figure d’Eco en traducteur en parlant d’une mue que Joyce rendit possible.
Pour comprendre les enjeux, j’établirai un rapide parallèle avec Barthes. Dans sa période qu’il appelle lui-même structuraliste, Barthes fut pris d’un vertige linguistique vis-à-vis de l’image : il pensa pouvoir traiter celle-ci comme un texte, ce qui, dans un premier temps, fut un moyen de proposer des lectures sérieuses de sujets qui n’étaient pas censés l’être, telle la BD. Ayant le sentiment d’une sorte d’impasse quand le structuralisme ne sembla plus lui fournir que des grilles de lecture qui donnaient peu ou prou toujours les mêmes résultats, l’image est ce qui lui permit de passer un cap, avec La Chambre claire (studium/ punctum, on le sent bien sont avant tout des catégories de lecture ou de butée de la lecture).
Eco, en bon sémioticien, eut longtemps une attitude assez scientiste à l’égard de la traduction, toute armée de la science de la sémiotique pour ne rien laisser en reste. Dans ses premières études de traduction, on voit un Eco pour qui les problèmes de traduction sont avant tout des problèmes d’équivalences culturelles, des difficultés d’ordre référentiel qu’il faut régler par une sérieuse documentation. Mais c’est en s’intéressant à la traduction de Joyce par lui-même, en l’occurrence d’Anna Livia Plurabelle (premiers fragments de Finnegans Wake) traduit en italien par Joyce, qu’Eco put consentir à une observation qui aurait été impossible jusqu’alors. Si Joyce repousse les frontières de ce qui serait jugé licite pour un traducteur autre que l’auteur, il n’en contribue pas moins à changer les limites de l’acceptable – notion évolutive, aussi labile que la langue de Finnegans Wake. Eco ne le dit pas tout à fait en ces termes : heureuse traduction qui nous a donné un tel texte en italien (felix culpa).